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Le Burkina Faso expulse deux correspondantes françaises

Les correspondantes des quotidiens Le Monde et Libération au Burkina Faso ont été expulsées par les autorités, ont rapporté dimanche des médias français.

12:24 - 2/04/2023 dimanche
MAJ: 09:59 - 3/04/2023 lundi
Le message diffusé par la télévision suite au blocage de France 24 au Burkina Faso. Crédit Photo: OLYMPIA DE MAISMONT / AFP
Le message diffusé par la télévision suite au blocage de France 24 au Burkina Faso. Crédit Photo: OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

La junte militaire au pouvoir au Burkina Faso a expulsé samedi soir les correspondantes de deux grands quotidiens français, le Monde et Libération, nouveau signe de la dégradation des relations avec la France dans ce pays meurtri par la violence terroriste.


Seuls des médias français ont pour l'instant été ainsi sanctionnés par les autorités burkinabé.

Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, second coup d'Etat en huit mois au Burkina, les relations avec Paris se sont dégradées, Ouagadougou ayant réclamé et obtenu le départ de l'ambassadeur de France et des 400 soldats français des forces spéciales basés dans le pays.


Début mars, le Burkina a en outre dénoncé un accord d'assistance militaire signé en 1961 avec la France.

Le Monde et Libération ont annoncé dimanche matin l'expulsion de leurs journalistes en dénonçant une mesure
"inacceptable"
et
"arbitraire"
, qui confirme selon eux
"que la liberté de la presse au Burkina Faso est lourdement menacée".

Le Monde pour sa part
"condamne avec la plus grande fermeté cette décision arbitraire",
en soulignant que
"Sophie Douce, comme sa consœur, exerce pour Le Monde Afrique un journalisme indépendant, à l’écart de toute pression".
Le directeur du journal, Jérôme Fenoglio,
"demande aux autorités locales de revenir au plus vite sur ces décisions et de rétablir sans délai les conditions d’une information indépendante dans le pays".

Selon Libération,
"Agnès Faivre et Sophie Douce sont des journalistes d’une parfaite intégrité, qui travaillaient au Burkina Faso en toute légalité, avec des visas et des accréditations valables délivrées par le gouvernement burkinabé".

"Nous protestons vigoureusement contre ces expulsions absolument injustifiées et l’interdiction faite à nos journalistes de travailler en toute indépendance",
ajoute le journal.

24 heures pour partir


Les deux journalistes avaient été convoquées vendredi à Ouagadougou à la sûreté nationale et ont ensuite reçu l'ordre de quitter le Burkina Faso dans les 24 heures.

Avant son départ, Agnès Faivre avait déclaré à l'AFP que cet ordre lui avait notifié
"oralement".

"J’ai également été convoquée hier
(vendredi)
à la direction de la sureté de l’Etat. Puis un officier est venu ce matin
(samedi)
à mon domicile me notifier verbalement que j’ai 24h pour quitter le territoire. Aucune notification écrite, ni motif. J’ai du mal à comprendre et à réaliser",
avait pour sa part dit Sophie Douce.

Les autorités burkinabé n'avaient dimanche matin fait aucune déclaration sur le sujet.


Ces expulsions surviennent quelques jours après la publication par Libération le 27 mars d'une enquête sur
"une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat"
dans le nord du Burkina.

Cette enquête
"avait évidemment fortement déplu à la junte au pouvoir au Burkina Faso",
souligne le quotidien.

"Le gouvernement condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l'image du pays",
avait écrit le porte-parole du gouvernement burkinabé, Jean-Emmanuel Ouédraogo, après la publication de cette enquête, assurant que l'armée agit
"dans le strict respect du droit international humanitaire".

Les deux journalistes ont été notifiées verbalement par des agents de la direction de la sûreté de l’Etat burkinabé, que leur accréditation qui permet d’exercer le métier de journaliste ainsi que leur carte de presse sont annulées. Les raisons de l'expulsion n'ont pas été révélées.


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