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Les États-Unis misent sur la transition électrique

L'essor des usines de batteries pour véhicules électriques dans la "Ceinture des Batteries" américaine marque une nouvelle ère industrielle, soutenue par d'importants investissements gouvernementaux.

11:26 - 9/05/2024 Thursday
AFP
Une voiture électrique Tesla recharge sa batterie dans une station Superchargeur Tesla le 2 mai 2024 à Petaluma, en Californie.
Crédit Photo : Justin Sullivan / AFP
Une voiture électrique Tesla recharge sa batterie dans une station Superchargeur Tesla le 2 mai 2024 à Petaluma, en Californie.
Plus jeune, Devante Cuthbertson pensait devoir un jour quitter sa ville de Greensboro, dans le sud-est des États-Unis, pour trouver du travail, jusqu'à ce que le constructeur japonais
Toyota décide d'investir près de 14 milliards de dollars
pour y bâtir une méga-usine de batteries automobiles.

À 28 ans, il effectue un apprentissage dans un établissement public d'enseignement technique, incluant trois jours hebdomadaires de travail chez le constructeur installé en Caroline du Nord, dans l'optique d'y décrocher un emploi.


Une déferlante d'investissements se déverse aux États-Unis, où le président Joe Biden s'active à raviver le tissu industriel et la chaîne d'approvisionnement dans des secteurs cruciaux: batteries, semi-conducteurs, etc.

En cette année de scrutin présidentiel, il fait aussi du pied aux électeurs en col bleu dans les États-clés, ceux qui peuvent basculer d'un bord à l'autre selon l'élection, comme l'est la Caroline du Nord.


Mais Joe Biden souhaite également saper la domination chinoise dans les technologies de la transition énergétique.

C'est ainsi qu'une
"ceinture des batteries"
s'étoffe, surtout dans le sud-est du pays (Caroline du Nord et Géorgie en première ligne) avec l'implantation d'usines de batteries pour véhicules électriques, et de composants.

La "Ceinture des Batteries", véritable opportunité


Mais avec un syndicalisme peu présent dans ces régions, le président démocrate, qui a promis de
"bons emplois syndiqués"
, est sous pression et pourrait ne pas tirer les fruits de cet essor industriel.

Des syndicats et organisations de protection des droits civiques en Alabama et en Géorgie ont tenté, en août 2023, d'obtenir de Hyundai une protection des droits des travailleurs.
Le constructeur sud-coréen a investi 7,6 milliards de dollars en Géorgie, notamment pour bâtir une usine de véhicules électriques.

La perspective d'une création de centaines, voire de milliers, d'emplois a revitalisé des régions entières, y compris Greensboro et ses alentours, qui avaient prospéré grâce aux industries du textile, du tabac et des meubles.


Pour Devante Cuthbertson, l'arrivée de Toyota a représenté
"une opportunité"
. Celle
"de faire partie de quelque chose de plus grand qu'un simple boulot. C'est une carrière".

Les effectifs de la gigantesque usine de batteries de Toyota devraient grimper de quelque 800 aujourd'hui à 5.100 personnes d'ici 2028, et l'investissement total à 13,9 milliards de dollars. À l'origine, le constructeur prévoyait seulement 1,29 milliard.

L'essor de l'électrique


Les véhicules électriques devraient représenter environ 30% du marché américain d'ici 2030, relève Sean Suggs, directeur de cette usine, mais il s'inquiète du manque d'infrastructures, comme les stations de recharge.


Le constructeur américain Tesla a créé son propre réseau, désormais utilisable par plusieurs concurrents, et l'émergence de nouveaux acteurs devrait améliorer le maillage.

Le groupe finlandais Kempower s'est ainsi installé en Caroline du Nord il y a deux ans, bénéficiant d'un financement des autorités américaines pour favoriser le développement du secteur.


Près de
650 milliards de dollars de subventions fédérales et locales ont été annoncés
depuis 2021 pour développer l'industrie verte (énergie et production).

Une mesure phare de Joe Biden, l'Inflation Reduction Act (2022), doit déverser quelque 370 milliards de dollars d'aides et d'avantages fiscaux pour accélérer la transition énergétique, notamment sur les routes avec l'électrique.

Tomi Ristimaki, patron de Kempower, anticipe une hausse pérenne des financements pour les constructeurs américains et européens, avec des gouvernements qui tentent d'effriter l'hégémonie chinoise.


L'entreprise a investi plus de 40 millions de dollars dans son usine de Durham, et créé des centaines d'emplois. Elle prévoit de s'approvisionner, pour plus de la moitié de ses besoins, auprès de fournisseurs américains.


Manque de main d'œuvre qualifiée


La Caroline du Nord attire
"des niveaux d'activité quasi inédits"
, relève Christopher Chung, directeur d'un organisme de développement économique de cet État.

Le fabricant américain de semi-conducteurs Wolfspeed a notamment investi 5 milliards de dollars dans sa nouvelle usine.

Selon M. Chung, non seulement ces projets se multiplient mais les montants moyens investis ne font qu'enfler, tout comme leurs effets sur l'emploi.


Ces sociétés vont néanmoins devoir faire preuve de patience, car le marché du véhicule électrique se développe moins rapidement qu'anticipé, et la main-d'œuvre qualifiée manque.


Mais les effets se font déjà ressentir sur le terrain, explique Evito Perez, machiniste chez Toyota:
"Les écoles obtiennent davantage de financements qu'auparavant, et beaucoup de routes sont refaites"
.

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11 days ago